Le Covid-19 est un sujet commun à toutes les religions et à tous les êtres humains. Hélas, plus de 282.000 décès dus au Covid ont été reportés aux États-Unis, plus de 55.000 en France et plus de 1. 540 000 dans le monde. Ce sont des chiffres énormes. Nos cœurs et nos prières vont à ceux qui ont perdu un être cher touché par le virus.
LE POUVOIR TRANSFORMATEUR DU COVID-19
Nous vaquions tranquillement à nos occupations lorsque tout à coup il y a 10 mois un intrus perturbateur et mortel s’est invité au milieu de nous, allant du Nord au Sud, d’Est en Ouest de la planète Terre sans ségrégation aucune métamorphosant de manière décisive nos vies.
1) Le Covid-19 est antithétique à notre comportement habituel
-Par exemple, nous avons l’habitude de rendre visite aux personnes que nous aimons, en particulier aux membres de nos familles. Plus nous étions avec eux, plus nous pouvions leur exprimer notre amour et manifester notre affection. Avec le Covid-19, plus nous aimons nos parents âgés, plus nous devons éviter de les voir parce que nous les exposons au risque de contracter le virus pouvant entraîner des conséquences fâcheuses à cause de leur âge. C’est étrange, douloureux et absolument dommageable pour toute relation.
-Même les gouvernements ont dû entrer dans nos vies; ici aux États-Unis nous avons des ordres de confinement et des couvre-feux. En Europe, en Afrique, partout dans le monde, quelque chose de semblable s’est produit. Au Canada, certaines localités ont même des restrictions liées au nombre de personnes qui peuvent être en même temps dans un foyer: 6 est le nombre. Si vous êtes une famille de trois personnes, vous ne pouvez recevoir que trois personnes à la fois. Par exemple, vous avez un frère ou une sœur en visite avec sa femme et son enfant, les autres frères ou sœurs doivent faire la queue pour venir chez vous.
-À ce stade de la Pandémie, la plupart d’entre nous ont été affectés par le Covid-19. Nous avons une connaissance qui a eu le Covid, des amis ou des membres de notre famille. J’ai deux nièces médecins à l’avant-garde qui ont contracté le virus et ont été malades, heureusement, elles vont bien, mais d’autres membres de la famille élargie dans différentes régions du monde sont morts du virus.
-Le pire scénario qui se soit produit dans le monde entier; est celui d’avoir un être cher à l’hôpital atteint du Covid-19 et de ne pas pouvoir être à ses côtés. Tant de personnes sont décédées sans avoir quelqu’un auprès d’eux ou sans pouvoir dire au revoir.
2) Avec le Covid-19, nous courons le risque de déshumanisation de notre société
Nous devons rester à 1,5 m des autres parce que nous représentons un danger les uns pour les autres. Notre compagnon le plus fidèle est un masque. Nos bouches sont muselées comme des chiens dangereux. Il ne nous manque que le signe : «attention chien méchant». Il ne d’agit pas d’une fête d’Halloween avec un masque pour quelques heures. Nous devons garder notre masque en public à tout moment car c’est le seul moyen de se protéger et de protéger les autres, le seul moyen d’arrêter de propager le virus. Quelle intrusion frénétique Covid-19 fait-il dans notre vie quotidienne !
POUVONS NOUS TIRER DES LEÇONS DE CES CIRCONSTANCES OU DEVONS-NOUS DESCENDRE DANS UN ÂBIME DE DÉSESPOIR ?
1) Covid-19 est-il un outil pédagogique ?
Il est évident qu’il s’agit bien d’un outil pédagogique. C’est une raison de plus pour nous, de comprendre que les choses ne peuvent pas se dérouler uniquement comme nous le souhaitons ou le prévoyons, tant de facteurs échappent à notre contrôle.
-Une myriade d’individus ont perdu leur emploi et se sont retrouvés avec leur famille dans une situation précaire. De longues files d’attente sont remarquées dans les banques alimentaires partout aux États Unis. Les banques alimentaires en France sont submergées. Le temps est opportun pour appréhender la souffrance des autres, se mettre à la place de ceux qui souffrent de la faim par exemple. Nous réalisons l’importance d’apprécier réellement les choses que nous tenions pour acquises.
-Multiple petites entreprises ont déclaré faillite.
-Nombre de personnes se sont trouvées bloquées dans un pays sans argent, ayant leur vie en suspens à cause de la fermeture des frontières. Certains de notre famille venus aux États Unis pour une visite de deux semaines ont été cloués au sol pendant cinq mois.
-Les communications virtuelles et les politiques de téle-travail à domicile sont certes excellentes, mais elles provoquent un stress pour les familles qui vivent dans une maison exiguë avec des enfants qui suivent des cours en ligne à temps-partiel.
-La pandémie a eu un impact sur le développement émotionnel de nos jeunes ; l’isolement social leur est imposé. Ils ont été confrontés à une éducation perturbée et à l’incertitude quant à l’avenir. Les événements sociaux leur manquent terriblement ; passer du temps avec des amis, assister à des concerts, exercer des activités physiques et sportives. C’est en effet une période extrêmement pénible pour eux qui, contrairement aux jeunes confrontés à la grande dépression des années 30, ne sont pas habitués à faire face á des difficultés significatives.
Le constat est flagrant, le Covid-19 a sans l’ombre d’un doute un impact psychologique sur les personnes de tous âges et il est parfois difficile de trouver des moyens de faire face à ce stress.
2) Devrions-nous descendre dans un abîme de désespoir ?
Si nous luttons et que nous sentons dépassés par la situation, si nous semblons être à bout de force, nous ne devons pas rester au bord du précipice. Si nous pensons que ce qui est devant nous n’est rien d’autre qu’obscurité et désespoir il est temps d’agir. Un homme très sage, le regretté Président Houphouët-Boigny, premier président de la Côte d’Ivoire, petit pays d’Afrique de l’Ouest disait ; « Lorsqu’il n’y a pas de solution humaine à un problème, il y a certainement une solution divine ». Changer notre perspective et se tourner vers le spirituel n’est pas toujours facile.
QUE NOUS ENSEIGNENT LES RELIGIONS ?
1) Du point de vue bouddhiste
Nous devons travailler sur notre peur et notre anxiété et accepter le monde tel qu’il est. Penser que les choses devraient être autrement ajoute des souffrances inutiles. Néanmoins, Bouddha recommande la méditation :
«……… Si vous méditez sérieusement, à travers des disciplines spirituelles, vous pouvez vous faire une île qu’aucune inondation ne peut submerger », chapitre 2 du Dhammapada. Le Dhammapada est le chemin du Bouddha vers la sagesse.
Qu’en est -il des religions Abrahamiques ?
2) Dans la foi juive
Nous sommes en bonne compagnie car nous ne sommes pas seuls à contempler parfois le désespoir. Moïse lui-même succomba au désespoir et se plaignit à L’Éternel :
« Je ne peux pas porter à moi seul la responsabilité de tout ce peuple. C’est trop lourd pour moi ! Si c’est ainsi que tu me traites, tue moi donc ; oui tue-moi si j’ai trouvé grâce à tes yeux. Que je ne vois pas mon malheur » (Nombres 11; 14-15). Dieu le réconforta. La Torah souligne que Dieu se soucie de nous, il a fait une alliance avec l’humanité et davantage une alliance avec le peuple qu’il a choisi pour être un exemple vivant de foi, ainsi nous ne devrions pas être désespérés, nous devrions compter sur lui, il répondra.
3) Dans la foi islamique
L’une des caractéristiques les plus importantes est qu’un musulman doit rester dans un état d’esprit positif quelles que soient les circonstances. La croyance est qu’Allah le Tout-Puissant est le Créateur de toutes choses, le fidèle sait que toutes les périodes d’épreuve dans lesquelles il se trouve sont un test envoyé par Dieu. Il prend sa foulée en se rappelant ce qu’Allah lui a conseillé :
«…… Il se peut que vous détestiez quelque chose quand c’est bon pour vous et il se peut que vous aimiez quelque chose quand c’est mauvais pour vous. Allah sait et vous ne savez pas », du Saint Coran Sourate Al Baqarah, 216.
En toutes circonstances, Allah est toujours proche : « Pensez-vous que vous entrerez au paradis sans les épreuves auxquelles ont été confrontées ceux qui vous ont précédés ? Ils ont connu la souffrance et l’adversité et, leur esprits ont été tellement ébranlés que même le Prophète et les fidèles qui étaient avec lui ont pleuré « Quand l’aide d’Allah viendra-t-elle? Ah en vérité l’aide d’Allah est proche », Sourate Al Baqarah, 214.
Le Musulman garde toujours en mémoire la Sourate ASH-SHAR « Donc en vérité, avec chaque difficulté, il y a un soulagement ». Par conséquent, ils se tourne toujours vers Allah pour obtenir de l’aide.
4) Pour les chrétiens
L’Évangile est parsemé d’innombrables rappels de la présence aimante de Dieu. Dans les moments difficiles, il suffit de se tourner vers lui; Saint Matthieu nous rappelle:
« Demandez et il vous sera donné ; recherchez et vous trouverez ; frappez, et la porte vous sera ouverte. Quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe on ouvrira. Y a-t-il quelqu’un parmi vous qui donnerait une pierre à son fils quand il a demandé du pain ? Ou lui donnerait un serpent quand il a demandé un poisson ? Si donc vous, qui êtes mauvais, savez donner de bonnes choses à vos enfants combien plus votre père céleste donnera-t-il de bonnes choses à ceux qui le lui demandent », Matthieu 7, 7-11.
Le chemin est clair, il ne faut pas désespérer, les gens de toutes les fois doivent continuer à être unis dans la prière, ici aux États-Unis et dans le monde. Le Tout-Puissant répondra à notre collection de prières et nous débarrassera du Covid-19 : « L’aide est proche ».
En attendant, ne perdons pas temps, remplissons chaque minute de bonheur en compagnie des membres de notre maisonnée.
Je voudrais conclure par une citation extraite du livre de mon époux, l’ambassadeur Ghoulem Berrah, Our Common Faith, A Plea for interfaith Harmony. La citation est liée à notre pèlerinage interreligieux à Jérusalem, une illustration de prières collectives.
« Pendant l’appel à la prière pour les musulmans,on pouvait entendre les chrétiens en procession prier à haute voix alorsqu’ils passaient devant la mosquée Al-Aqsa en route pour le Saint -Sépulcre. Au même moment, les juifs priaient devant le mur des Lamentations.Ensemble toutes ces prières des différentes fois émises à l’unisson s’élevaient vers le ciel, un signe de notre foi commune en Dieu l’unique ».